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Les habits de quatre sous

Contre moi tu te pelotonnes
Comme un tout petit animal.
Avoir des idées polissonnes ?
Mais il faudrait être anormal !

Elle n’est pas une vamp cette
Femme qui, sous ses oripeaux,
Vieux pantalon, vieux pull, chaussettes,
Dissimule toute sa peau.

C’est un petit chat qui se presse
Contre moi pour un gros ronron,
Quémandant un câlin tendresse
Et fait un dodo patte en rond.

Ma main court, légère, distraite,
Sur son corps recroquevillé
Et se promène, à l’aveuglette,
Comme un rêve tout éveillé.

Ce qu’elle trouve sur sa route
Dans les habits de quatre sous,
Ne laisse pas l’ombre d’un doute
Sur ce qui se cache dessous.

Ce sont des creux, ce sont des bosses,
Des appas libres et mouvants.
Les haillons de Fée Carabosse
Cachent des charmes émouvants.

Ma main tombe sur une faille,
L’explore comme à son insu
Et, cheminant vaille que vaille,
Elle passe sous le tissu.

Alors, dans un tout autre monde
J’entre comme un cambrioleur :
De la chair lisse, soupe, ronde,
Du velouté, de la chaleur.

Gourmand et affamé, j’explore
Ces trésors si doux à chercher
Et, du bout des doigts, je dévore
Tout ce que ma main peut toucher.

Tout doucement je m’insinue,
Les sens de plus en plus curieux.
Quand bien même tu serais nue,
Ton corps ne s’offrirait pas mieux.







Ma main hésite un peu, dans l’ombre,
Est-ce de la timidité
Ou la crainte d’un repli sombre ?
Peut-être la nervosité ?

Caresser ta peau nue, offerte
Et libre sous le vêtement
Mais pudiquement recouverte
Donne au geste tout son piment.

Ton corps joue à l’indifférence,
À la séductrice en sommeil.
Si l’on fait fi des apparences,
Les sens sont bien vite en éveil.

On savoure cette autre face,
Cet érotisme du caché,
Ce corps qui consent, bien qu’il fasse
Semblant d’ignorer le péché.

Ainsi, sans que le corps s’anime,
L’invisible tâtonnement
Me conduit à la chair intime,
Sous le boisseau du vêtement.

Tu sais que je ferai le geste
Sans rien qu’on puisse apercevoir ;
Sans que rien ne le manifeste,
Tu sais me le faire savoir.

Sans rien, sans porte-jarretelles
Ce harnais soyeux du désir,
Sans franfreluches, sans dentelles,
Ton corps secrète le désir.

Tout au bord de la fente étroite,
Au but sublime du chemin,
Je sens le cœur de ta chair moite
Qui palpite au creux de ma main.

Toi, sans un signe qui paraisse
Un instant dire : Oh, oui !
Tu t’es offerte à ma caresse,
Immobile, et tu as joui.

Contre moi tu te pelotonnes
Sans dessin de m’émoustiller.
Je vais te prendre, polissonne,
Sans même te déshabiller.,