Le feu d'artifice du 14 juillet
( Érection sublime de l’art )
Ce soir, j’aborde à reculons
Quatorze juillet, tes flonflons
Et tous les lampions qui scintillent.
Le musette, en mon cœur, distille
Plutôt un air de sanglots longs.
C’est la fête, les gens s’amusent,
Mais j’erre de façon confuse
Car, au fond de moi, je ressens
Qu’il suffit d’un seul être absent…
Et près de moi, manque ma muse.
Quand, trajectoire étincelante,
Dans le ciel, la fusée volante
Tirera des gorges des : « oh ! »
Mon cœur lourd volera moins haut
Dans les ténèbres opulentes.
La fusée est comme le dard ;
Sexe flamboyant, étendard,
Symbole lumineux, complice.
C’est une bandaison factice,
Érection sublime de l’art.
Quand advient ce moment intense
Quand la fusée, ô récompense !
Projetant un éclair de miel
Éjacule fort dans le ciel,
C’est, alors, à toi que je pense.
Et quand explose le pétard,
Quand c’est fini, seul, à l’écart,
Quand s’éteint le feu d’artifice,
Une voix me dit, subreptice :
« Allons, allons, il est bien tard. »
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