GESTION, INNOVATION ET RURALITÉ :
La mésange et le rouge-gorge
Une étude* sur les – rares – entreprises, grandes ou petites, qui ont traversé le temps
(plusieurs générations et, parfois, plus d'un siècle) alors que la majorité d'entre
elles disparaît rapidement (la durée moyenne d'une entreprise est de 20 ans)
montre que celles qui ont su rester compétitives utilisent des méthodes contraires
au management actuel dont le but est le profit rapide au bénéfice d'un petit groupe.
Ces entreprises centenaires s'appuient sur le capital humain. "C'est la place donnée
à l'homme dans ces organisations qui a assuré leur survie et leur évolution. Pour elles,
actifs financiers et profits sont comme l'oxygène, nécessaires pour la vie mais pas le
but de leur vie". Pour ces entreprises il s'agit d'investir dans l'humain et de développer
une identité forte pour chaque employé, d'être ouverte à la nouveauté en sachant s'adapter
aux évolutions (car, pour durer, il leur a bien fallu changer leurs produits et
les moyens de les fabriquer) et enfin l'argent est outil de croissance et
d'évolution plutôt que destiné au profit et au retour sur investissement.
Cela peut servir à éclairer notre réflexion sur les pratiques individuelles
(Le "must", aujourd'hui, est de monter "son entreprise" pour la revendre avec
profit le plus rapidement possible) et sur les comportements collectifs et
politiques, très souvent à court terme, de l'aménagement du territoire, local
ou national. Sur la place réservée à l'homme et le poids du capital humain dans
la balance investissement-profit.
Dans la même étude, ce professeur fait également part de son observation du comportement
des rouges-gorges et des mésanges chez lui, en Angleterre.
Les rouges-gorges, solitaires et fiers batailleurs, chassent inlassablement
tout intrus de leur territoire.Les mésanges, plus sociables, partagent plus
facilement leur espace et leur mangeoire avec leurs congénères. Or il a observé
que les mésanges ont appris à percer les capsules des bouteilles de lait déposées
chaque matin devant les maisons pour en boire la crème alors que les rouges-gorges
n'y sont pas parvenus.
Ces observations et leur analyse l'amènent à des conclusions transposables aux
organisations de la société humaine. Selon lui, pour qu'une espèce animale
exploite les opportunités de son environnement, trois conditions sont nécessaires :
1-Les individus de l'espèce doivent être mobiles, se rassembler et évoluer en groupe
plutôt que de rester immobiles et isolés.
2-L'espèce doit avoir la capacité d'inventer de nouveaux comportements.
3-Il doit y avoir une transmission de l'individu au groupe à travers
une communication directe.
Alors, mésange ou rouge-gorge ?
*Étude publiée par le professeur d'économie Arie de Geurs de la London Business School dans :"Harvard Business Revue"
|
