Message à Léo
( A Léo Ferré )
Ô grand Léo, t'en avais marre de
Ce monde où tonne le canon ;
Alors, le jour où la camarde
A dit : " Tu viens ? "
T'as pas dit non.
Si tu rencontres Dieu le Père,
Peut-être il existe, qui sait ?
Dis-lui bien qu'on se désespère
Et qu'on en a
vraiment assez.
D'un "Univers impitoyable,"
Règne des gens "bien comme il faut."
Mais, pour les emporter au Diable,
Qu'attend la mort avec sa faux ?
Les doux rêveurs, les pacifistes,
Des « anars » la meilleure part,
Sont toujours premiers sur la liste
Quand il s'agit du grand départ.
Dis à Dieu : Si venait sur terre,
Aujourd’hui, son fils bien-aimé,
Les gens "biens" pour le faire taire
L'auraient très vite supprimé.
Demande lui donc s’il approuve
Que le monde soit ravagé
Par l'argent. Ici-bas, on trouve
Qu'il doit être un peu trop âgé.
Oh ! Chante-lui donc qu’il se bouge !
Même en latin : Miserere !
Si ça lui plait ! . . . Mais on voit rouge
Chacun, tout seul, désespéré.
Car les gens qui prêchent son règne,
Tous, font gémir le genre humain.
Je n'en vois aucun qui le craigne !
Le corrompent-ils en sous-main ?
Léo, dis-lui, c'est la galère,
La loi du fric qui règne ici !
Dis-lui, Léo, s’il le tolère,
C’est qu’il est mort, ou comme si !
D’ici bas, c’est incontestable.
Dis à Dieu : Puisqu’il est défunt,
Pour ses valeurs si respectables
Nous adorerons TF1.
24 juillet 1993 .
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