Il a neigé sur les mimosas en fleur
Le piètre jardinier
Quel importun, quand se déclanche
L’éruption des bourgeons, osa
Cacher les fleurs de mimosa
Sous un duvet de plumes blanches.
Qu’ont-ils ces bourgeons boutonneux ?
Serait-ce un géant urticaire ?
Vite, un baume d’apothicaire,
Étouffons ce prurigineux !
Quelle excellente médecine !
Pensait ce piètre jardinier.
Pour stopper l’acné printanier,
C’est l’avenir qu’il assassine !
Rien à son actif, si ce n’est
Qu’il est réussi son spectacle !
L’ignorance est un gros obstacle
Pour voir plus loin qu’au bout du nez.
Ceux qui procèdent de la sorte
Quand la vie intense surgit,
Ignorent-ils que rien n’agit,
Surtout pas la manière forte ?
Censeurs, contraindre le printemps,
L’émergence de la jeunesse,
La liberté jusqu’à l’ivresse,
C’est, à coup sur, perdre son temps.
Jeter un coup de froid et mettre
Manteau blanc à la répression
Gèle, un instant, la transgression.
Le printemps n’a ni Dieu, ni Maître.
Le « scrogneugneu », le tue l’espoir,
Le tout pouvoir, l’autoritaire,
Comment contraindraient-ils à taire
Ce qu’un bourgeon nous fait savoir :
Bonheur suprême et joie exquise,
Après l’hiver noir, rude, long,
Le temps des peurs, les temps de plomb,
Chante, un jour, le temps des cerises !
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