Le nouveau lent du jour de l'an*
*1991 Année des J.O d’hiver
Je veux fêter le nouvel an
En faisant l’éloge du lent.
Si profond, en France, qu’on aille,
Tellement sont grands les enjeux
De gloire, d’or et de médaille,
Nous n’échapperons pas aux jeux.
Laissons, pour l’Année Olympique,
La gloire frivole au vainqueur.
Faisons le projet utopique
De devenir champions…du cœur.
Je vous plains, courtisans cupides
Du Veau d’Or, ô conquistadors
En pantoufles ! Seuls, les rapides
Trouvent encor la Toison d’Or ?
En Colchide, pour la conquête,
Jason fournit de longs efforts.
Le Graal exige pour sa quête,
Le courage obstiné des forts.
Quand je vois si vite à la mode
Des baudruches pleines de vent,
Oui, tout mon être s’accommode
De la lenteur du temps d’avant.
Un homme debout n’est pas comme
Cela si tôt qu’on le prétend.
L’enfant est le père de l’homme,
Il faut laisser du temps au temps.
Pourquoi donc vivre à toute allure ?
Pourquoi succomber au virus ?
Pourquoi tant de hâte à conclure ?
Pourquoi courir au terminus ?
J’aime prendre le temps de vivre.
J’aime, à mon aise, savourer
Les amis, la Femme, un bon livre,
Le vin pour me désaltérer.
Le foule, olympique et sur skis,
Se grise de plus en plus vite.
Moi j’offre mes vœux à ceux qui
Me sont chers et selon le rite :
Argent, santé, bonheur exquis .
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