Chanson fausse
Dans le moment le plus ardent,
Ton corps joue un air de cithare
Inachevé, grêle, obsédant,
Et tu ressens comme une tare
Cet air qui fait grincer tes dents.
Dans ton crâne est le responsable
Qui, machiavélique, apporte un
Infime petit grain de sable
Au moment très inopportun.
...Plaisir, toujours insaisissable.
Si fin soit le menu qu'on sert,
L'apothéose, le sublime,
Ne peut s'atteindre qu'au dessert.
Le ténor, par la note ultime
Illumine tout le concert.
Étrange musique aigrelette,
Air, souventes fois, entendu;
Grelot fiché dans ton squelette,
Plainte à fleur de ton corps tendu,
Quand tu frémis toute seulette.
Concerto très inachevé
D'un corps qui chante faux mais chante
Et croit n'avoir rien éprouvé.
Cela te rend d'humeur méchante.
Loin de me croire dépravé :
Entends ma chanson méprisable,
Romance d'un mal désiré,
Une complainte misérable
Qui lance un cri : "Miserere!"
Vers toi qui m'es tant désirable.
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