Souvenirs cruels
La mort et sa grimace torte,
Pas à pas, sur le promenoir,
Fidèlement, te fait escorte;
Un jour, avec son manteau noir,
Elle sera devant ta porte.
Au moment ingrat du départ
Vers l'au-delà très improbable,
Tu verras, en morceaux épars,
De l'existence misérable,
Ce qui fut ta meilleure part.
Les instants de bonheur intense,
Le coeur peint en technicolor,
Te paraîtront, sans importance
Et tu regretteras, alors,
Les heures pleines de souffrance.
L'homme, ce drôle d'animal,
Oublie un grand bonheur très vite,
Tant vivre heureux paraît normal
Mais retient, bien qu'il les évite,
Les instants qui lui font très mal.
Détruites nos amours pudiques
Et leurs points d'orgues absolus,
Seuls, dans ces heures fatidiques,
Demeurent, noirs et résolus,
Les souvenirs cruels, sadiques.
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Salvador Dali |