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Nuits d'été

Le soir du Quatorze Juillet
Resplendit des feux d'artifice.
Pour moi, les pétards sont mouillés
Si je n’ai pas, pour mon délice,
Ton baiser doux comme l'oeillet.

L'Août ardent, contre moi, conspire.
Le jour, tout est incandescent;
Le soir, l'air est frais, qu'on respire,
Léger comme un convalescent.
C'est alors que mon mal empire.

Mon mal de toi devient si fort
Qu'une flamme rouge se vrille
Dans ma poitrine, sans effort
Et je promène un cœur qui brille
Avec l'éclat du Koh-i-noor.

Pourtant les nuits sont opulentes,
L'air est calme dans le ciel clair;
Quand viennent les ténèbres lentes
Enfin, je vais, le nez en l'air,
Guetter les étoiles filantes.

Lorsqu'à la voûte sombre luit
Le trait vif de l'aréolithe,
Je fais le voeu d'être celui
Qui, tendrement, dans un lit, te
Fera l'amour toute la nuit.

Encor plus naïf que toi, le
Chantre des nuits d'amour, Musset,
Je crois en la filante étoile,
Astre bref par qui sont mûs ces
Cris du coeur que le ciel dévoile.

Plus tard, peut-être, tu voudras...
Sonneront les cloches de Pâques
Pour ce jour où tu reviendras
Car, alors, ce ne sera pas que
Pour te glisser entre mes draps.

La clarté de la lune pâle
Drape les contours indécis
Comme une femme sous un châle.
...Et je me dis qu'avec des si...
Mais voilà qu'à nouveau je râle !

Dans l'arbre chante le hibou;
L'ombre frémit de son chant triste.
Mes nerfs fragiles sont à bout
Quand le nocturne rhapsodiste
Exacerbe mon sang qui bout.

Entends la chanson méprisable,
Romance d'un mal désiré,
Une complainte misérable
Qui lance un cri : " Miserere !"
Vers toi qui m'es tant désirable.