le 12 septembre c'est la Saint Apollinaire
Musique
C'était un amoureux fervent
Et malheureux, le premier homme
Qui façonna, geste émouvant,
Une tige de roseau, comme
Pour y faire chanter le vent.
Une nuit qu'au clair de la lune
Il s'était assis sans façon,
On entendit, sur la lagune,
Monter, timide, un premier son
D'un geste sans valeur aucune.
Geste anodin mais hors de prix !
Car l'amour vit d'incertitude
Et cet homme l'avait compris.
Surmontant leur inquiétude,
Les autres écoutaient, surpris.
Il voulait cacher sa souffrance
Et sa tristesse au fond des eaux
Mais voilà que, bientôt, s'élance,
S'enfle et vole sur les roseaux,
Un message plein d'espérance.
Poète, au vent, plus qu’amadou,
Brûle, créant cette merveille :
Un air venu l’on ne sait d'où ,
Si ravissant pour notre oreille
Que vivre, alors, semble plus doux.
Ardent désir de vivre libre;
Le coeur le plus endurci fond
Lorsqu'il perçoit, par chaque fibre,
Étrange et secret chant profond,
Cette musique, en lui, qui vibre.
Ingrats comme les hommes sont,
Abrutis au jeu de la guerre,
Ils ont désappris la leçon.
Depuis on ne s'inquiète guère
D'un poète et de sa chanson.
Car la morale anesthésique,
Pour rendre l'homme obéissant,
Étouffe en lui toute musique;
Mais ce qui fait bouillir mon sang
N'est pas toujours métaphysique.
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