Tailleur province
Elle s'avance d'un pas lent,
Promenant, félin nonchalant,
Sa longue silhouette mince,
Tête droite et regard lointain,
Un peu sévère et l'air hautain,
Dans son petit tailleur province.
On voit, ce n'est pas un Chanel ;
On devine un corps dru, charnel,
Avec une flamme rouquine
De cheveux assez peu coiffés
Mais savamment ébouriffés
Pour donner la note coquine.
L'amazone au charme évident,
Celle qui croque à belle dent
La pomme et fait tourner la tête
À tout mâle à peu près normal,
Sous son sein altier, cache mal
Un petit coeur de midinette.
Car, vois-tu, cette femme-là
Qui passe et traîne avec éclat
Des regards jaloux derrière elle,
Pour moi seul, pas plus tard qu'hier,
Offrait, mutine, son corps fier
Paré d'un porte jarretelle.
Douce, tendre, charnelle à souhait,
Au déduit, j'eus le dessous et
Depuis, pour elle, un peu, j'en pince.
On trouve et c'est intéressant,
Des charmes très appétissants.
Sous un petit tailleur province.
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