Couleur d’automne
Un amour d'espèce
Ce pelage dru, roux, piquant :
Un carcan qui, pourtant, s’entrouvre
Et libère le fruit brillant !
Toi, tu sais bien ce que j’éprouve.
Quand des châtaignes, vient le temps,
Quand la montagne se colore
Aux teintes d’automne, j’entends
Les longs sanglots du cœur éclore.
C’est toujours la même chanson,
Une romance sans paroles,
Des notes chantent, sans façon,
Mais toi, tu connais bien leur rôle.
C’est l’arrière-saison bientôt ;
Qui tire le signal d’alarme ?
Comment un simple vibrato
Peut-il produire un tel vacarme ?
Mon cœur, mon corps, vont s’imprégner
Du poison dolent du solstice,
Sortilège du châtaignier ?
Tu reconnais mon maléfice.
Je me referme sur mon mal ;
Ce n’est pas la bonne manière,
Le réflexe d’un animal
Qui se tapit dans sa tanière.
Je suis cet étrange baril
Dans lequel le venin infuse.
Mais d’où peut venir le péril ?
Tu connais mon âme confuse.
Où trouver le médicament
Pour mal à l’âme de naissance ?
Quel remède de Grand Maman
Serait espoir de délivrance ?
Non, non, je ne crois pas que l’ut-
Ilisation d’un tel remède
Sera ma planche de salut.
Tu sais ce qui me vient en aide.
Les jours où tout va de travers
Et quand c’est toujours moi qui trinque,
Vite, je prends mon envol vers
Toi ; Ta présence me requinque.
Soudain, plus ce mal de saison !
Je me sens mieux dans ma carcasse.
Dis, pour quelle étrange raison,
Penser à toi est efficace ?
Mon cœur, atteint à bout portant,
Pour toi ronronne de bien être,
Mon corps s’apaise, il est content ;
Je suis l’enfant qui vient de naître.
De cet air qui revient et n’est
Que chansonnette maladive,
Sentiment très étrange, il naît
Un amour d’espèce tardive.
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